Ecrit en dansant

Un vieux général libidineux, tout couvert de médailles, poursuit ce qu’il croît être une diva de l’Opéra du quartier chinois de La Havane et qui n’est rien que « peau peinturlurée ». Une courtisane mulâtresse aux formes rondes poursuit, de village en chef-lieu et en capitale, une ascension dont les signes majeurs sont la perruque lisse et le banana split. Une épopée qui commence dans l’Andalousie arabe du IXe siècle mène deux dévotes espagnoles à la poursuite d’un amant blond et transporte ces biches effarouchées jusque dans un Cuba d’émancipation où les Aimantes se métaphorisent en Cristo’s fans. Tel est le « curriculum cubain » : un cercle de métamorphoses, où l’Espagne -, l’Afrique, la Chine échangent leurs épithètes et leurs figures, un cercle le long duquel ne cesse de courir insatiable, illusoire, le désir.

Quand le parler cubain s’agite, il y a toujours plusieurs langues (plusieurs civilisations) qui se récitent, et le centre n’est nulle part. La mort est alors le seul point fixe : le seul dont les représentants soient présents tout au long de cette histoire, et celui qui désigne en s’ensevelissant dans la neige, aux dernières lignes, la statue brisée mais pensante du Christ.