« Je rêve, Joseph, il ne me l’avait jamais encore confié, d’écrire un petit roman là-dessus quand la guerre sera finie, Albert et Jean ça s’intitulerait peut-être, mais comme la mort serre déjà sur nous le joyeux rictus de ses dents nues, je voudrais mourir avec ces images devant les yeux si …- Arrête de me rhétoriquouiller tes discours à la noix, mais ça a bien fini par t’arriver et tu seras désormais pour l’histoire (comme je le lirai sur la tombe de tes parents, gravé en lettres gothiques dorées - pauvre hommage d’impuissant amour, cet or, à celui qui est mort et que notre amour n’a pu sauve…) :
Ihr Sohn
Friedrich Emmanuel
1921 – 1944
in Russland gefallen »
Le narrateur, vieillard au seuil de la mort, se souvient de sa guerre qu’il a vécue dans l’horreur, enrôlé dans l’armée allemande, avec deux jeunes gens de son âge. L’un d’eux a été tué par un éclat d'obus. C’était le plus raffiné des trois, qui tentait d’échapper à la dégradation humaine en pensant à Dürer et à son frère. Les deux survivants, prisonniers de guerre, vont tenter de poursuivre ce rêve de sublimation en se racontant, à partir d’un document de la Renaissance et de reproductions de tableaux, un roman. Et à présent, un demi-siècle plus tard, ce livre parlé, le vieil homme aimerait l’écrire, comme un gage de sa fidélité à ses compagnons.
De nationalité suisse, Jean-François Haas est enseignant. Né en 1952, il a fait ses études au Collège de Saint-Maurice et à l'Université de Fribourg où il a suivi les cours de Jean Roudaut. Il vit à Courtaman... Dans la gueule de la baleine guerre est son premier roman.
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