Deux femmes homonymes : Jeanne Weil (1849-1905) et Jeanne Weill (1859-1925). L’histoire les a d’autant plus effacées qu’aucune n’a vécu sous son nom de naissance. Jeanne Weil est connue comme Mme Proust, la mère de Marcel, le grand écrivain d’À la recherche du temps perdu. Jeanne Weill est devenue, sous le pseudonyme de Dick May, une intellectuelle pionnière des sciences sociales et une militante progressiste.
Ces deux contemporaines se sont croisées dans le Paris républicain de la Belle Époque, au rythme des rendez-vous mondains et des avancées scientifiques. Mais que reste-t-il de leurs œuvres et de leurs combats ?
Ce livre est une réflexion sur les modes de légitimation qui s’offrent aux femmes et sur l’invisibilité qui les frappe. L’enquête biographique prend la forme d’une équation à plusieurs inconnues, où le parcours des deux Jeanne Weil(l) rencontre celui de Proust, Durkheim et Bergson. Elle fait ressortir, en même temps que les processus d’élaboration du canon littéraire, les stratégies des femmes pour briser le plafond de verre. D’hier à aujourd’hui.
Sarah Al-Matary est maîtresse de conférences HDR en littérature à l’université Lyon 2, membre de l’Institut universitaire de France. Elle a publié La Haine des clercs. L’anti-intellectualisme en France (Seuil, 2019).
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SOMMAIRE
PréambulePierresClichésUn nom à soiLa sainte familleFilles de SionIdentitésJamais sans ma mèreL’esprit et la lettre« Mondaines »La petite sœur de DurkheimBons officesCendresBerthe disparueLe visible et l’invisibleAnnexe. Arbre généalogique des Weil/Weill
Notes
Table des illustrations
Remerciements