L’emprise des émotions, dit-on, emporte tout sur son passage, y compris les conditions du débat public. Mais leur absence est-elle la condition d’une raison publique qui ne saurait s’exercer que dans le silence des passions ?
C’est dans le champ de la philosophie politique et en mettant la pensée à l’épreuve de l’événement que Myriam Revault d’Allonnes défait le grand partage du sensible et de l’intelligible, de la raison et des passions. En montrant comment s’entrelacent la rationalité politique, les sensibilités collectives et les conditions de l’agir humain, elle revisite des traditions de pensée qui, attentives au caractère incontournable des affects, ont interrogé la dynamique qui soutient l'élaboration du lien social.
Ce chemin nous aide à mieux comprendre les nouvelles mobilisations où le vécu, le sentiment d’injustice, le souci de l’égale dignité jouent un rôle majeur. Comment leur émergence s’accorde-t-elle avec la capacité d’agir de l’homme raisonnable ? Parce que la raison publique s’enracine dans les dispositions sensibles qui font l’humanité de l’homme, son exercice nous incite à résister aux fureurs antipolitiques qui menacent notre existence démocratique.