Ils sont nombreux à avoir visité l’Allemagne, la Russie, l’Italie entre les deux guerres. Mais combien se sont trompés ! Joseph Roth, lui, a vu juste. De l’Allemagne, il écrit en 1930 : « Tout est déjà là : la bête immonde et son âme, le doré sur tranche et le filet de sang » (Lettre du Harz). De la Russie, espoir des peuples, il découvre, dès 1926, le conformisme, l’embourgeoisement. Une classe y a remplacé une autre, mais ce n’est pas celle qu’on attendait. « Le bruit et la lumière de la fête se sont éteints. Un jour de la semaine a commencé, gris, pénible, dépourvu de poésie » (La Russie a pris le chemin de l’Amérique). En Italie, l’extrême surveillance à laquelle on est soumis oblige à ne faire que passer. Impossible de s’attarder, de questionner. Il faut voir sans être vu. Aussi assiste-t-on à la naissance de ce que l’on pourrait appeler un « journalisme ferroviaire » ou « journalisme des signes », par force limité aux gares, aux hôtels, aux trains – et que rien pourtant, par son sens du détail et du portrait, ne distingue de la grande littérature dont il est le laboratoire. « Je dessine le visage du temps, je suis journaliste, pas reporter. Je suis écrivain, pas éditorialiste » (lettre à Benno Reifenberg, 22 avril 1926).
Joseph Roth est né en 1894, en Galicie, de parents juifs. Études de philologie à Lemberg et à Vienne. En 1916, il s’engage dans l’armée autrichienne. Après la guerre, il se tourne vers le journalisme et collabore à de nombreux
journaux. En 1933, il émigre à Paris où il demeurera jusqu’à sa mort en 1939. Il est enterré au cimetière de Thiais. Il laisse une oeuvre abondante et variée : treize romans, huit longs récits, trois volumes d’essais et de reportages, un millier d’articles de journaux.
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