Francis Bacon, logique de la sensation Gilles Deleuze

Paru le 07/05/2002

«Pitié pour la viande ! Il n'y a pas de doute, la viande est l'objet le plus haut de la pitié de Bacon, son seul objet de pitié, sa pitié d'Anglo-Irlandais. Et sur ce point, c'est comme pour Soutine, avec son immense pitié de Juif. La viande n'est pas une chair morte, elle a gardé toutes les souffrances et pris sur soi toutes les couleurs de la chair vive. Tant de douleur convulsive et de vulnérabilité, mais aussi d'invention charmante, de couleur et d'acrobatie. Bacon ne dit pas «pitié pour les bêtes» mais plutôt tout homme qui souffre est de la viande. La viande est la zone commune de l'homme et de la bête, leur zone d'indiscernabilité, elle est ce «fait», cet état même où le peintre s'identifie aux objets de son horreur ou de sa compassion. Le peintre est boucher certes, mais il est dans cette boucherie comme dans une église, avec la viande pour Crucifié («peinture» de 1946). C'est seulement dans les boucheries que Bacon est un peintre religieux.»

G. D.

Sciences humaines
Philosophie
Collection : L'Ordre philosophique
Format : Broché
Pages : 176
EAN : 9782020500142 23.00 € TTC
Disponible en version numérique
Format : E-Pub
15.99 € TTC
EAN : 9782021010640

Les avis de lecture...

Fx1 16/05/2014

« L'oeuvre de Bacon est si énigmatique qu'elle ne pouvait qu'attirer un philosophe aussi brillant qui livre ici une analyse pertinente et captivante . On entre facilement dans ce livre , ce qui est touj... » Lire plus