A quatre-vingts ans, Günter Grass se souvient. Métaphore du souvenir : l’oignon – notre passé, notre expérience, tout ce qui définit notre personnalité – dont on ôte les pelures une à une en cherchant en vain le cœur n’est autre que cette accumulation des strates plus ou moins denses, plus ou moins fiables.
Le récité débute à Dantzing en 1939 avec l’entrée en guerre et la perte l’innocence. Il s’achève à Paris en 1959 avec la publication du Tambour et la consécration littéraire. Il décrit les épisodes les plus marquants d’une biographie et la genèse d’une œuvre : enfance dans un milieu étriqué, guerre d’un adolescent endoctriné, survie dans les ruines, affirmation d’une vocation, trois faims qui ponctuent ces années d’apprentissage : la nourriture, l’amour charnel, l’art.
En révélant, avant même la publication du livre en Allemagne, qu’il avait dix-sept ans servi sous l’uniforme SS dans les derniers mois de la guerre, l’écrivain, qui n’a pourtant cessé de confronter son pays aux horreurs de son histoire, a déchaîné une tempête médiatique.
Les lecteurs français ont enfin la possibilité de replacer la controverse dans le contexte de son récit intime : une chronologie tâtonnante, en crabe, où alternent l’émotion, le grotesque, la gravité, tantôt dans la plus belle écriture classique, tantôt dans l’argot et le populaire.
On l’aura compris : cet ouvrage est primordial pour entrer dans l’œuvre d’un maître de la langue allemande et en donner les clefs.
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