L’événement amoureux, lorsqu’il nous arrive, produit un bouleversement qui est déprise de soi. Mais se déprendre conduit parfois à ne plus savoir jusqu’où consentir à l’autre. Quels sont les ressorts intimes de l’obéissance qui s’instaure alors ? Interrogeant le rêve de fusion dans l’amour, cet essai déchiffre l’énigme de la servitude volontaire dans le champ de l’intime. Refuser le bouleversement de la rencontre est pourtant une autre servitude. Les grandes figures de libertins révoltés, de Dom Juan à Valmont, n’incarnent-elles pas des désobéissances illusoires, où la pulsion écrase le désir ?
Instaurant un dialogue inédit entre Lacan et Camus autour des figures d’Antigone et de Sade, Clotilde Leguil dégage un nouvel art de la désobéissance, qui a pour finalité de ne pas céder sur son désir. Elle redonne ainsi au consentement son étoffe temporelle, pensant son devenir comme toujours marqué par l’histoire de chacun. Loin de se réduire à un contrat, le consentement est appelé à se métamorphoser afin que la puissance d’agir du sujet vienne à se réaliser.
Agrégée et docteure en philosophie, Clotilde Leguil est professeure au Département de psychanalyse de Paris-8 et
psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne. Depuis Les Amoureuses (Seuil, 2009) jusqu’à L'Ère du toxique
(PUF, 2023), en passant par Céder n’est pas consentir (PUF, 2021), elle explore les silences et les zones d’ombre de l’intime.
« Son angle d'attaque n'est pas qu'intime, il est aussi politique. A l'heure des applications qui « contractualisent » le consentement et l’amour, de l'injonction à jouir sans entraves, du grégarisme des réseaux et de la vitesse qui dissout la parole, Leguil rappelle que l'éthique du désir suppose du temps, des mots et la capacité de désobéir aux voix qui commandent en nous ».
« Cette autrice, à la fois philosophe et psychanalyste, éclaire cliniquement et conceptuellement les grandes expériences subjectives et intimes qui sont les nôtres, qui ont la particularité d'être les mieux partagées mais de demeurer les plus énigmatiques : le désir, le narcissisme, la jouissance, le consentement, etc… »
« Depuis MeToo, l’analyste poursuit son investigation des maux mis au jour par le mouvement féministe (…). Aujourd’hui, elle revient au commencement de l’amour, quand la rencontre se dessine, moment exaltant où l’on s’oublie pour aller vers l’Autre. Mais la déprise signifie aussi se libérer quand la relation bascule et que le sujet s’éloigne de son propre désir ».
« En parcourant la sphère de l'intime aussi bien que celle du politique et en s'appuyant, à chaque moment de sa réflexion, sur des exemples littéraires et cinématographiques variés, Clotilde Leguil illustre l'importance des pas de côté dans tous les domaines de l'existence ».
« Dans le sillage de Lacan, pour qui « céder sur son désir, c’est trahir son être », Clotilde Leguil convoque des figures littéraires – d’Antigone à Barbe-Bleue – et rappelle que l’amour ne suppose pas l’effacement de soi, mais la fidélité à ce qui, chez soi, résiste (…) Brillamment écrit ».
"Un essai passionnant qui entremêle les références littéraires, philosophiques et psychanalytiques.[...] Clotilde Leguil invite à penser aux manières de se reprendre et de se déprendre, par la parole et par les actes, de toute emprise qui éloignerait le sujet de son propre désir."
"L'ouvrage de Clotilde Leguil est une ode au langage et à la psychanalyse. La possibilité de dire, de se dire - sur le divan d'un psy, dans un livre ou en parlant à des amies - restaure le rapport à soi. Là où l'emprise vient étouffer la capacité de se définir et de dessiner les contours de son être, la prise de parole est un acte de « désobéissance »."