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Vente à la criée du lot 49

Ecrire un roman, c’est décrire le monde. « A une lettre près », ajouterait Thomas Pynchon, dans un bref chuintement sarcastique, à la manière d’une télé qui s’éteint dans une chambre de motel.

Alors on peut s'amuser à mettre sur pieds la vie de quelques individus, par exemple l'héroïne magnifique de ce livre, Œdipa Maas, suivie d'une cohorte tourmentée de rockers, de piliers de bar, de clochards, d'ingénieurs au bord du suicide, de disc-jockeys, de commissaires-priseurs, de philatélistes et de psychiatres on peut aussi dériver à toute vitesse à l'horizontale, sur les autoroutes californiennes, en direction de San Narciso, via LA et San Francisco, où se passe toute l'histoire (Metzger, l'amant d'Œdipa, prétend que le paysage de la Californie ressemble à un circuit imprimé) ou encore plonger à la verticale, comme dans un lac, au fond des abîmes de l'Histoire, art subtil auquel excelle Pynchon qui en profite pour broyer du noir. On peut tout faire.

C'est pourquoi tout arrive à Œdipa, dès qu'elle apprend qu'elle est l'exécutrice testamentaire d'un de ses anciens amants, Pierce Inverarity. Ce qui aurait pu n'être qu'un bon moment à passer pour un avocat huppé se révèle vite une folle équipée pour Œdipa, perdue dans sa recherche du mystère «Tristero», mot surgi bizarrement dans un vers d'une pièce élisabéthaine, et dans une seule des nombreuses variantes du texte. En fait, «Tristero» désigne une dangereuse société secrète de paumés qui ont établi un réseau postal parallèle, sous une sorte de bannière (un petit dessin représentant un cor postal) et caché derrière le sigle WASTE (We Await Silent Tristero's Empire),le tout hérité d'un personnage historique, grand amateur de conspirations au XVIe siècle et qui aurait tenté par quatre fois d'assassiner le maître des postes du prince d'Orange.

On s'en douterait à moins : la paranoia guette, très froidement, nos personnages. Mais, quelques pages avant la scène finale où l'on vendra à la criée le fameux lot 49 (une collection de faux timbres WASTE dans l'héritage d'lnverarity), Œdipa se livre à un véritable inventaire lyrique du monde qui résonne étrangement comme la voix même de l'auteur : attentif au bruit des climats, au noir des imprimantes, à la rumeur de son écriture.

Littérature étrangère
Romans
Fiction et Cie
Date de parution 01/01/1987
22.50 € TTC
216 pages
EAN 9782020094368
 

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