Années 2010, un journaliste vit de l’intérieur les convulsions de l’entreprise de presse pour laquelle il travaille depuis un certain temps : rachat, brutalité managériale, obsession du profit envers et contre tout... À l’occasion d’un plan de départs volontaires, il prend ses cliques et ses claques en saisissant au vol une opportunité de reconversion professionnelle. Mais, dans les méandres des organismes de formation qui sont un business à part entière, rien ne va se passer comme prévu, sous le regard de l’ex-homme d’information qui est aussi poète à ses heures perdues.
Au fil de ce roman, Eric Faye brosse le tableau d'une classe moyenne incapable de résister à l'offensive néo-libérale et de se mobiliser lorsqu'elle est attaquée.
Né en 1963, Éric Faye, ancien journaliste, est l'auteur de romans, nouvelles, récits de voyages et essais. Son recueil de nouvelles fantastiques, Je suis le gardien du phare (José Corti, 1997), a été couronné du prix des Deux-Magots. Il a été lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française pour Nagasaki, paru en 2010 et traduit dans une vingtaine de langues. Il suffit de traverser la rue est son douzième roman.
Plus pince-sans-rire que jamais, Éric Faye dresse un réquisitoire pour le moins mordant de l’Occidental des classes moyennes. Entre Buster Keaton, Kafka et La Boétie, un traité du vain combat aussi impitoyable qu’un miroir.
Eric Faye qui excelle aussi dans le fantastique peut pourtant se contenter du réel pour faire apparaître à la fois l'absurdité des situations et le mécanisme implacable de l'asservissement volontaire cher à La Boétie. Et faire de ce roman une sorte de vade-mecum pour notre univers mondialisé.
Le style incomparable de l'expérimenté Éric Faye puise à toutes ses ressources pour proposer une galerie de personnages si bien observés, aux patronymes que Jouhandeau n'aurait pas reniés.
Dans ce petit théâtre de la cruauté, Eric Faye met en scène avec maestria ce que Hobbes nommait « la guerre de tous contre tous ». Soit l'état naturel de l'homme.
Éric Faye nous invite à suivre le calvaire d’un rêveur pris dans l’engrenage implacable d’une machine à broyer. Caustique, humoristique et désenchanté.
Très drôle, enlevé, implacable, Il suffit de traverser la rue se vit à hauteur de salarié de classe moyenne, paralysé dans la mâchoire du grand reptile, à peine taraudé par sa mauvaise conscience.
Eric Faye est un romancier qui aime débusquer l’absurde et le fantastique dans le quotidien.
Chacun, en observant les tribulations professionnelles d'Aurélien Babel, se regardera. Pas sûr que ce miroir soit très flatteur, certain qu'il est nécessaire. Un grand texte à lire et faire lire pour changer le monde !