Liwa Ekimakingaï a passé son enfance et continue d’habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l’hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer l’amour. Un soir de 15 août où l’on fête l’indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l’après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. Au bord de la piste de danse, la belle Adeline semble inatteignable. Pourtant, elle accepte ses avances, sans toutefois se compromettre. Elle signera sa fin…
Le roman est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. Pour se venger ?
En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières – en particulier le Cimetière des Riches, où tout le monde rêverait d’avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie.
Dans ce grand roman social, politique et visionnaire, la lutte des classes se poursuit jusque dans le royaume des morts, où ceux-ci sont d’ailleurs étrangement vivants.
Dans son quatorzième roman, l’auteur congolais renoue avec la veine picaresque de « Mémoires de porc-épic » et « Verre cassé ».
Un imaginaire truculent.
Alain Mabanckou compose un grand roman.
Mabanckou prouve, s’il en était besoin, avec ce Commerce des allongés, toute la grandeur de sa stature.
L'écriture généreuse d'Alain Mabanckou tient, comme des fils de marionnette, d'un fouillis jamais emmêlé de récits et de métaphores, d'une verve incroyable, imagée, chatoyante, bruissante comme ce Grand Marché de Pointe-Noire tenu par les femmes qui grappillent des sous aux nantis pour nourrir les plus pauvres en haranguant les grincheux.
Alain Mabanckou vous présente son ouvrage "Le commerce des Allongés". Entretien avec Julien Rousset.